Ce soir l'orage guette. Il gronde. Se rapproche. Mauvais à n'en pas douter. Il est là sous la paume de ma main. Irradiant l'air que nous respirons. Il est là dans tes yeux. Tes yeux chargés de hargne. Tes yeux bleus qui se vident de lumière et ma rétine qui s'enferme dans l'ombre. Le crépuscule se fait, il n'y aura plus de jour. Plus de jour. Plus de ciel. Des nuages où se perdre. Des nuages et des éclairs, des tempêtes et des lames de fond. De répits, aucun. Voilà la nuit. Voilà ce que sera notre nuit. La nuit qui se propage, qui rampe sur les murs, court sur ta peau, dernière lueur avant le déluge. La nuit qui me fait peur, qui appelle le monstre, le monstre tapi sous le lit, dans l'armoire, dans mes veines, dans le sang qui afflue à mes tempes. Rythme violent, assourdissant, que le battement de mon sang. Le battement de ton sang. Ton visage déjà s'efface dans la nuit et je ne vois plus que la masse de tes cheveux hirsutes. Cette tignasse que je serre dans mon poing. Et ton regard vide, ton regard qui vide le mien, qui m'aspire, qui me fait roc. Tu te mets à me parler. À me dire des mots crus. Des mots sales. Des litanies de mots foutraques. Tu me dis prends. Tu me dis vole. Tu me dis minable. Tu me dis beau et grand. Tu me dis risible. Tu me dis le pantin lamentable. Tu me dis. Tu me dis des mots qui font mal. Des mots qui enflamment mes tripes puantes. Des mots qui percent mon ventre et qui poursuivent leur lancée plus loin encore, grignotant le foie, le cœur, mes poumons aussi. Semant en moi la fièvre folle qui vient à me faire suffoquer. Cette nuit, nous sommes la nuit, sa noirceur, ses ombres inquiétantes qui peuplent la forêt sans lune. Nous sommes l'étang mort, nous sommes les nuées d'insectes qui sortent de terre, nous sommes le vent qui fera rompre les cèdres. Surgit la noirceur de la nuit, l'appel de tes désirs prédateurs. J'ai faim. Et je vais te dévorer. J'ai faim, je te dis. Alors j'agrippe ta nuque et je t'arrache un baiser de mes dents. J'ai faim, tu me dis, et j'entends que tu m'évideras comme le petit animal sans défense que je suis. J'ai faim, et je vais te liquéfier. J'ai faim et je serai ton festin. Ma main sur ta gorge et mes lèvres s'abreuvant à ton souffle. Ta main sur mon sexe, sur mes couilles velues, serrant fort pour me donner le vertige. Serre ! Serre fort ! Je vais te rendre la pareille. Vas-y serre ! Vois la rage que tu fais naître. La rage qui te pénètre. La rage qui vient ravager la nuit. Je n'en voulais pas. Et je crois que toi non plus. Mais ce soir, il n'y a pas à savoir ou à vouloir. Ce soir nous sommes l'orage, le fleuve qui déborde, des torrents de boue monstrueux qui engloutissent tout sur leur passage. Et tes cris ne disent pas autre chose quand j'ouvre la voie, le chemin vers ton ventre. Je suis autant ta proie que tu ne l'es. Je suis le granit chaud. Le sol contre lequel tes genoux s'écorchent. Ensevelie par les coups de boutoir de mes reins. Tu es la pierre rêche et abrasive. Celle qui m'arrache des lambeaux de peau. Ces lambeaux que tu pèlent avec soin comme gamine tu étrillait les bois de sureau. Tu me plaques fermement contre le mur. Je suis la bave du chien enragé qui montre les crocs avant l'assaut insensé. Tu es le feu qui ravage tout ce qui se présente à lui. Nous sommes le poing frappant le mur. Le couteau séparant la chair. L'alcool sur la blessure ouverte. La brûlure qui pulse. La morsure de l'orage. Nous sommes cette rage. Nous sommes l'orage et la hargne. Deux déferlantes remontant des tréfonds de nos ombres. Nous sommes cette rage, ces ogres-là.
Dans la clarté de la nuit des songes en nuées là la Malemort où je ne sais quoi sort s'étire et s'enchâsse s'enlace jusque sous ta gorge griffant mordant soufflant le chaud et le froid sur la peau fine écarlate prête à geindre en mille éclats de lunes en ta face putasse ta queue branlée tes bourses lourdes mises à mal pour le long voyage la malle poste et ta tête branlante riposte étouffe entre les cuisses la douceur de la peau le tendre abrasé par ta barbe impropre parsemée de l'odeur forte de son con tant de fois baisé sous le lit des pinèdes qui là te font suffoquer ahaner en grande goulée giboulée et bâillon de bave embrassées nage nage petit poisson poisseux visqueuse bite guerre de tranchée perdue avant que la messe ne soit dite car l'avant fut fessé pris engouffré pénétré fouetté mâle mené foutraqué fourré comme jamais quatorze queues putargues avalées pour te voir plus tard t'affaler offert lustré ta sueur suie blanche crasseuse épaisseur criante et ton
Délicieusement sauvage
RépondreSupprimerMerci ! Je n'avais pas vu depuis bien longtemps ton profil, faut que je fréquente peu les blogs. Ravi de voir ce pseudonyme connu.
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