Je cherche sous la peau quelque chose qui ne se voit pas, peut-être une chose. Peut-être bien mille. Ou qui sait, rien. Et pour chercher le prête-nom du désir, je n'ai pas de mots. Pas assez. Jamais assez. Alors je prends le sac, le grand sac, celui où il y a toutes les lettres. Je le soupèse. Il est lourd. Ça claque à l'intérieur. Ça s'entrechoque. C'est comme un grillot. Cela doit faire naître des contes, des conteuses et donc des conteurs. Je défais le noeud et je les déverse, les répands, comme ça. En vrac. Sauvages. Jetés. Parsemés. Tous les mots. Tous. Un peu partout. Dans la prairie.
Paisibles, des grillons cachés strient à l'abri des hautes herbes. Et s'ils étaient des mots eux aussi ? Mots à six pattes. Ils se tairaient au passage d'une phrase. La nuit, ils chuchoteraient à l'oreille. Cela ferait des rêves. Des caresses. Des mains qui branlent. Il y en a aussi qui s'enfoncent. Sous la peau. Des mots fléchés pour creuser des galeries. Des mots d'étais pour les transformer en tunnel. Mines profondes. Forez ! Forez ! Lubrifiez vos mandibules de sèves.
Libérez les secrets, les soupirs, laissez le champ libre à la joie des noms dits. Cela fourmille, cela se fait liqueur, jus, sève, mouille. Cela se répand dans ta chair. Alex. Cela se liquéfie dans ton sang. Cela doit être sous la peau. La mienne comme la tienne. Cela ne se voit pas. Cela irradie. Peut-être.
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