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Rêveries de velours

Je ne connais pas ce quartier. Habituellement, je passe par le faubourg La Blanche puis je rejoins Notre Dame des vents par les ruelles fleuries du Val des Flambes. Simple petite promenade. Mon rituel à moi du samedi et du dimanche. Oh, je ne suis pas seul à faire cette promenade un peu sportive. C'est que le point de vue de la pointe des quatre vents, un peu plus haut encore que le sommet de Notre Dame des vents est un lieu apprécié par les citadins. Cela se mérite. Chacun y apporte sa dîme de sueur tant les dernière marches s'enchaînent abruptement. Ce que j'aime, généralement c'est m'installer sur ce rocher, un peu en retrait, le long de la longue envolée de marches bordées par les hautes futées. C'est un endroit où l'ombre s'émiette dans les rayons du soleil. Peut-être la partie la plus difficile de la montée vers la pointe des quatre vents. Le rocher est généralement chaud tant le soleil le caresse. Je pose mon corps, là, contre cette pierre qui épouse mon corps, la pointe des hautes herbes alentours vient parfois chatouiller mes cuisses. Ce n'est pas désagréable. Cela l'ancre ici. C'est l'un des rares lieux où le port de ma nudité ne me pèse pas. Je sens mon sexe contre le haut de mes cuisses, et j'ai l'impression qu'il est lourd, gonflé de silences. Parfois quelques insectes passent, franchissant non sans difficulté la prairie des poils de mes jambes comme de mon pubis, et viennent se jouer du galbe tombant de mes bourses. J'écoute généralement Max Richter et je me laisse porter, tout à mon abstraction. Alors je regarde les hommes et les femmes affronter cette ascension ardues. Il y a ceux qui l'avaient à grande foulée malgré la difficulté, ceux-là leur corps est généralement svelte. Le sexe des hommes rebondit alors de toute part, étrange balais qui ne semble pas gêner leur dépositaire. Certaines femmes sont plus dotées que d'autres et je me perds un peu plus dans la contemplation fugace de leurs seins lourds. Tous transpirent, faisant voler comme une petite nuée d'insecte leurs gouttes de transpiration. C'est un spectacle qui me contente. J'y trouve une forme de dérision, quelque chose qui nous rend un peu plus absurde encore. Alors, je m'enchasse encore un peu plus au creux de ma pierre, je m'enfonce dans mes pensées et je les imagine vêtus, les ombres du feuillage mouchette leurs peaux apportant aux colorations blanches plus de profondeurs, aux corps bronzés plus d'intensité. Cela me transporte. J'imagine que ce sont des tissus qui les vêtissent, cela leur donne une autre dimension. Je me perds dans ma contemplation et mon sexe toujours à cet instant me fait part de sa respiration. Je me remémore les images de ce catalogue trouvé chez le bouquiniste de la braderie des bords de quai. On y voit des hommes et des femmes dans des tenues variées. J'ai envie de toucher ces tissus, d'enfouir mon visage dans les étoffes de ces corps vêtus. Le vent caresse mon sexe. J'ai envie.

Aujourd'hui, j'ai donc changé ma balade du week-end. Je suis loin de chez moi maintenant. Ce n'est plus vraiment une balade. Cela fait trois heures que je suis parti, fermant derrière moi la porte de mon immeuble. J'ai croisé les regards de ceux qui ont l'habitude de me voir. Le commerçant du coin de la rue m'a adressé un sourire entendu quand il m'a vu bifurquer vers la gauche et entamer la descente. Je n'aime pas cet homme monté sur des jambes qui ressemblent à des fils de fer. Son sexe est assez énorme en proportion. Je n'aime pas sa façon de le mettre en avant à tout bout de champ. Je sais bien que nombre de sa clientèle est là justement pour cela, surtout les jours où l'on peut le faire. Ils ne sont pas là qualité des ses fruits et légumes, ça c'est certain. Je trouve cela vulgaire. À mon retour, cela va jaser, je sais déjà que tout l'immeuble sera au courant. On parlera de moi pendant quelques jours. On le taillera des costumes. "Mais qu'a-t-il bien pu faire à s'absenter si longtemps ?" En plus il n'a pas pris le chemin de d'habitude. Il est aller dans le ventre bas de la ville. Mon voisin, que j'ai croisé tout à l'heure rentrant de son travail d'égoutier le corps souillé brun, marron et brique de sa journée sous la ville n'hésitera pas à ajouter sa pièce au monticule des mots. J'imagine ça d'ici, ah pour sûr ! Je vais être habillé chaudement pour l'hiver, voire les six prochains moi ! "Il est allé aux putes ! Moi je vous le dis Madame Longepot, c'est sur qu'il y est allé. De toute façon, cet homme est un pervers. Y a qu'à le regarder avec son corps tout dégingandé, ce british ! D'abord il parle jamais à personne. Et puis on ne l'a jamais vu s'accoupler dans la rue ! Je vous le dis comme deux et deux font quatre, cet homme est dangereux !". Son côté affabulateur va faire des merveille!. Mais je le savais. Je le savais avant de partir que si un jour j'osais le faire, mon chemin ne passerait pas inaperçu. Ils me dégoûtent tous à baiser comme des chiens, dans la rue, sans âme, parce que sinon c'est suspect de cacher son côté animal, disent-ils tous. Ce qui compte c'est qu'un homme mette sa main au panier d'une femme, la crochète et lui enfonce sa queue bien au fond, comme ça devant tout le monde, là tout le monde applaudit, puis chacun repart à ses occupations. C'est comme ça que l'on doit faire. Moi, je ne peux plus, cela fait maintenant plusieurs années que je ne le fais plus. Pour éviter ça, je ne sors que le samedi et le dimanche. Ce sont des jours où l'on ne peut pas le faire. Beaucoup pestent contre cette règle là. Moi je la trouve salvatrice. Je m'installe sur ma pierre chaude et je laisse passer les heures à regarder les sportifs, les moins sportifs, les badauds, les jeunes, les vieilles, les en famille, les entre amis, les solitaires, les gros, les minces, les petites bites ou les gros culs. Je les habille d'ombres et de lumières. Puis, inlassablement, je me réfugie dans le catalogue de Quelle, hiver 1994. Je n'en connais pas toutes les pages, mais je me souviens précisément de certaines images. Je m'imagine en homme de l'époque, un pull épais en lourde de maille tricotée, laine d'Irlande, six fils, col roulé. Les cheveux plus long que ce qui est convenu aujourd'hui. Un tee shirt coton et acrylique blanc, à col rond dessous, un caleçon en tissu droit, imprimé de motifs naïf, des dessins Tex Avery sous un pantalon à pinces dans les tons beiges en coton ourlé. Je regarde alors les pages des femmes et je choisis soigneusement les vêtements dont je vais les vêtir avant de leur faire l'amour dans ma chambre imaginaires de tissus épais, de lourdes tentures lie de vin, vert bouteille, bleu nuit. J'aime me réfugier dans ces pensées là. Alors je me branle, vêtu comme un gentleman dans son lit capitonné et moelleux, jusqu'à ce que mon foutre se répandent sur ma peau nue et le ramène au dégoût de ces nudités que la société nous impose.

Je m'enfonce dans le dédale des ruelles de l'ancien Souque Martin. Il m'a fallu du temps pour y parvenir. C'est la première fois que je me rends ici. C'est assez différent des quartiers dans lequel je vis. D'abord on y croise moins de monde. Peu s'aventurent dans cette partie de la ville. A quoi bon marcher des heures pour plonger dans des ruelles trop sombres, trop fraîches, trop étroites pour sentir sur nous la caresse réconfortante du soleil, à quoi bon si ce n'est d'aller aux putes des chambres closes. Notre nudité est ici plus délicate à porter, et puis marcher si longtemps, je m'en rends compte maintenant commence à me faire mal au pied. Les rues ne sont pas entretenues et je commence à sentir une douleur persistante sous ma voûte plantaire. Comme si l'on m'infligeait un étirement douloureux à force de tension. Je me serai cru protégé de pareille mésaventure mais ce n'est pas cela qui me fera rebrousser chemin. J'ai entendu parler d'une femme. Il paraît qu'elle le fait exclusivement habillée, qu'elle refuse de le faire avec les clients ou les clientes qui ne sont pas prêts à se vêtir devant elle. Je rêve d'elle depuis longtemps. Mais jusqu'à aujourd'hui, je n'avais jamais osé franchir le pas. Je crois même que ce matin, en me levant je ne savais pas que je la chercherai aujourd'hui. Je crois même qu'en franchissant le seuil de mon appartement pour entamer ma descente dans l'escalier de verre, je n'étais pas encore certain du chemin que j'allais prendre. Me réfugier vers Notre Dame des vents ? Plonger dans les entrailles malodorantes de l'ancien Souque Martin ? En fait, il y a vraiment peu de monde ici. J'ai osé poser la question. Où puis je trouver la femme habillée ? Ma gorge était sèche et ma voix tremblante quand j'ai posé cette question au marchand d'eau qui s'était installé au carrefour des rues. J'ai eu peur qu'il ne m'invective ou qu'il se moque de moi. Mais non, voyant que je ne parvenais pas à visualiser le lieu, il m'y a gentiment amené. Il m'a posé sur le chemin moulte questions sur la vie la haut, m'expliquant que l'âge mûr avançant, il avait dû au fil des années descendre vivre jusqu'au Souque. J'ai préféré ne pas m'imaginer dans quelques dizaines d'années. Et c'est en débouchant quatre ou cinq croisement plus bas encore dans le quartier des ombres qu'il s'est arrêté, me montrant la fenêtre ouverte du troisième étage. Plusieurs bandes de tissus volaient au vent, accrochés à son volet. Cela me faisait penser à ses carpes koï que les japonais dressent au vent de leurs demeures depuis des millénaires. Des reflets roses, bleu, violets, or aussi. Le porteur d'eau m'a expliqué que je devais attendre en bas, sur le trottoir d'en face. Il y avait là deux autres personnes. Un homme et une femme. Ils attendaient eux aussi, nus, génés comme moi d'être là, de devoir exposer leurs désirs dans la rue, de pouvoir laisser deviner ce qu'ils convoitaient, que cela puisse être comme partout fait en public alors que leurs désirs n'étaient pas faits pour cela. Alors j'ai attendu, derrière eux. La femme devant moi avait, attachée à sa cuisse, une jarretière de velours d'un bleu électrique qui illuminait sa peau blanche.  Je ressentais un silence à la fois troublant et terriblement gênant, je craignais de subir une petite décharge électrique si jamais mon corps touché celui de cette femme. Regardant son dos, je l'imaginais vêtue d'une robe légère. Non, d'abord une nuisette de satin de couleur marron et noir, oui ! Une nuisette et une culotte assortie. Je variais les étoffes, leur élasticité, leur douceur. Puis j'ai ajouté à ses pieds des chaussettes en fil d'Écosse ornées de losanges orange et rouge. la tension retombait doucement en moi au fil de ces essais vestimentaires imaginaires. Le silence était moins pesant, les quelques passant qui longeaint la rue du Souque n'avaient cure de notre présence et cela me rassurait. On ne nous regardait pas comme des êtres étranges ici. L'attente fut longue. Un homme est sorti de l'immeuble, donnant au Monsieur qui attendait au devant de notre petite file indienne une pièce de tissu d'inspiration japonaise, on y distinguait des fils d'or et des motifs fins. Il lui précisa qu'il devrait l'offrir à la Dame vêtue de soie, deuxième appartement sur la droite, troisième étage, qu'il était interdit de fermer la porte de l'appartement, qu'elle l'attendrait dans le hall d'entrée. Lorsque le premier Monsieur est parti, la femme que je n'avais vu que de dos jusqu'alors, me jouant jusque là des courbes de son corps, habillant son cul épais de culottes de soie, puis de coton, jusqu'à imaginer une viscose fraîche et d'une légèreté séduisante, s'est retournée subitement. Je sursautai, pris sur le fait de mes rêveries. Voilà que la gêne revenait en moi pour me couvrir de son imperméable irrespirable. Elle avait des yeux très expressifs, un peu rêveurs, taquin, très pétillants. Elle était bien plus à l'aise que moi, plus jeune, plus libre de sa façon d'être. L'attente fut longue et elle m'a beaucoup parlé. Moi, j'ai dit peu de choses. Mais son flot de parole enlevé avec délicatesse mon imperméable de honte et de maladresse. Cela le faisait grand bien. Je m'attachais à regarder ses lèvres au delà du flot de ses mots, j'observais ses dents blanches, et ici une tâche un peu plus sombre sur l'incisive. Nous avons fini par parler de ce qui nous avait amené ici. Et j'ai fini par parler. Parler de mes rêveries vestimentaires. Ce point commun que notre présence ici révélait. Elle m'a confié ces projets. Ils me plaisaient ces projets. Elle rêvait de belles choses dans ce quotidien dénudé de tout rêve. Elle avait trouvé un métier à tisser en piteux états dans une brocante il y a plus d'un an et l'avait avec patience et passion restauré au fil des jours, secrètement. Au gré de plusieurs marches au long cours, elle avait réussi à faire la rencontre d'un couple d'éleveurs de moutons sur le plateau de Vernes. Elle s'était installé plusieurs semaines chez eux, pour travailler un peu, et vivre un peu. Il fallait plusieurs jours de marche pour aller chez eux et prendre livraison de la laine vierge, mais ayant tissés des liens de confiance avec elle, ils étaient prêts à lui donner cette laine dont ils ne savaient que faire, ce tas de chose qui les encombraient aux yeux de la loi. Cette jeune femme me fascinait, Solaine me captivait par sa douceur et son énergie, sa simplicité à dire les choses. Plus nous parlions et plus j'avais envie de l'étreindre, de l'envelopper de toute mon âme, de lui servir de manteau. Je n'avais plus du tout l'envie de monter ces trois étages pour baiser avec la Dame de soie. C'était étrange et joyeux cet effacement subit de la pensée qui m'avait occupait des mois durant. C'était, non pas un soulagement, c'était une page de papier vélin que l'on tourne délicatement, quelque chose de léger, de bon, sans renier la page précédente. Sans préméditation, j'ai eu le courage et la folie de lui demander si elle ne voulait pas, là, maintenant, venir s'installer avec moi au soleil sur le bord du Gave qui coulait pas si loin au pied de la ville basse, que nous pourrions y parler des heures à gorger nos corps nus du soleil printanier.

À la nuit tombée nous avons dû nous résoudre à rentrer dans nos appartements. Me voilà maintenant, dans ma chambre vide, portes de l'appartement dûment ouvertes, pallier accessible aux voisins comme la loi et les usages nous y obligent, appartement accessible à quiconque. J'ai dans mes mains la pièce de velours que ce drôle de brin de femme portait tout à l'heure contre la peau de sa cuisse. Elle me l'a offert, là bas, tout en bas de la ville, au bord de l'eau. "Tiens, il est pour toi, m'a-t-elle dit, les joues un peu rouges, le regard un peu gêné, fuyant, comme une petite fille offrant le premier des petits cadeaux à son amoureux. J'ai souri et mes yeux se sont embués, tâchant de ne pas nous regarder en cet instant inattendus, nous avons tous deux regarder en silence l'autre côté de la rivière, nos mains se tenant l'une et l'autre, nos cuisses nues se serrant l'une contre l'autre, mon sexe se dressant ostensiblement, nous regardions vers la forêt épaisse et dense, et laissions nos corps respirer pleinement leur proximité. J'ai maintenant dans mes mains comme un double de son coeur, cela me caresse, me chavire, me berce. Solaine, Allan. Allan, Solaine. Ce soir, nul regard et nulle pensée vers le catalogue de l'année 1994. Je suis tout à ces instants où tout à l'heure nous avons joué à nous détailler les vêtements que nous imaginions pour l'autre. Elle a caché mon sexe tendu dans un shorty de tissu synthétique vert clair, moulant superbement mon anatomie. Elle a paré mon corps dégingandé d'un costume trois pièces bleu marine aux liserés faits d'un bleu clair très fin, m'a fait de belles chaussures de cuir chocolat, une chemise blanche et un chapeau de paille brune. J'avais fière allure ! Je m'imagine ainsi, avec elle, toujours installé au bord du Gave, je lui fais porter un pantalon en jean, on y distingue des coutures larges au fil orangé, le bas des jambes et retrousé façon canotier. Elle porte en haut un débardeur noir, sans manche avec un col qui ne descend pas trop bas sur sa peau blanche. On aperçoit dépasser de petites touffes noires duveteuses sous les aisselles. J'ai mis dans ses cheveux un bandeau de tissu rouge orné de motifs de cachemire noirs et disposé sa coiffure pour qu'elle soit sauvage sous ma main. Je lui ai laissé les pieds nus, pour qu'elle puisse les tremper dans la rivière un peu sauvage, comme ils étaient tout à l'heure, les regardant longuement enveloppés par le filet du Gave, cette rivière où l'on dit parfois qu'elle vient à réaliser les rêves, pour peu qu'on sache les garder secrets. Le châle bienveillant du sommeil se pose sur mes épaules peu à peu, jusqu'à sombrer dans le froissement de mes rêveries cotonneuses.

https://youtu.be/N84hEgk8b1M

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