Que voyais-tu au-delà de mes mains ? Je ne voyais rien si ce n'est ton sourire, ton sourire confiant, ton sourire et autour la caresse de la brume étreinte. Au bord des boucles de la Néra, au loin le ressac sur le sable brut, plage de la roche percée, et ton sourire et ton regard fait d'éclats de lune sous le reflet étrange de l'ombre des pins colonnaires, pointant du doigt le sommet des cieux disparus.
Nos corps dénudés, noyés dans l'inattendu brouillard, impressionniste décor pour notre havre épais. Donne-moi la main pour danser le jour d'ivoire après l'ultime nuit blanche où nous nous sommes tant et tant abîmés. Un brouillard à couper au couteau, la chaleur du matin tropical habillant nos peaux pellicules moiteurs striées par nos baisers irrespirables disputés à couteaux tirés.
N'oublie pas de laisser un petit mot avant que la nuit, l'oubli ou la morsure du soleil ne viennent se glisser entre nous. N'oublie pas de me conter encore les heures écoulées, nos poignets serrés et les grains de nos vices s'écoulant comme le sable entre nos phalanges ouvertes. N'oublie pas d'ouvrir mon ventre en mille saccades pour y faire pénétrer avec toi la brume profonde échappée des entrailles rouges de la terre, là sous le patronage de Notre Dame des Flots.
Quelques mots glissés en prière à mon oreille, quelques phrases jetées à l'aveugle dans le bruissement feuillage des palmiers fontaines et des bordures de la forêt sèche, voici le temps enfin se suspendre. Délicate ondée frissonnante mue par la pointe froide de l'acier déposée sur ta peau de nuage vêtue. L'esprit qui perd la trace et la brume devient mon souffle retenu.
J'aimerais graver en ton corps le brouillard de nos songes abandons, en faire jaillir des ruisseaux de terre rouge, exhaler nos soupirs pour que ton corps en témoigne, mais de cela je ne peux. Alors de fil en fil, une main nichée dans ton ventre, le regard perdu quelque part en toi, accompagné de tes souffles soupirs, j'abandonne mes mots un à un en une brise creusant des sillons sur l'épaule, lèche par instant le sang qui s'écoule. Regarde la terre, elle ne se cache pas pour te boire goutte à goutte.
Autour de la morsure hier imprimée, pour ne pas oublier de laisser en ta chair si joliment meurtrie, j'écris les mots de la nuit pacifique, ceux qu'ensemble, enveloppés d'un étrange brouillard séculaire, par les fils de nos âmes pleinement offertes, nous avons inlassablement tricotés.
Quelle beauté ce texte! C est doux comme du miel, brumeux comme un nuage cotonneux et magnifiquement bien écrit, j adore
RépondreSupprimerMon impolitesse m'amène à redécouvrir ce texte. J'oublie vite ce que j'écris. Merci pour vos mots.
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