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Le chemin et la terra incognita

 Hier, je suis rentré du chemin retrouver les miens. Douze jours loin d'eux. Douze jours sur mon chemin. Cette année, j’ai passé sur le chemin dix jours seul, et j'étais merveilleusement bien. Cette année, j'y ai passé aussi pour la première fois deux belles journées et deux nuits fauves toutes particulières, et c'était naturellement et vicieusement merveilleusement bien, j'étais bien avec elle. J'étais bien avec toi. C’était bien d’Être avec toi.

J’ai débuté ce chemin, il y a treize ans après une crise profonde au sein de mon couple. Pendant ces treize ans, je crois pouvoir dire être devenu l’homme que je voulais être. Nous avions à cette époque, douze années de vie commune derrière nous et une petite fille de deux ans. J'avais tellement vécu pour toi et pour les autres que je ne savais pas qui j'étais.

Depuis, si ce n’est l'année de naissance de mon fils il y a dix ans, deux années calédoniennes, et deux années sous cloche sanitaire, j’ai arpenté chaque année où cela était possible le chemin vers le cap Finis Terra, de Grenoble au pied des Alpes, à Salinas dans les Asturies, en bordure d’Océan. Je voulais que ce chemin dure et me nourrisse au fil des ans. C'est le cas depuis treize ans.


Il y a un an, lorsque je suis rentré, j’ai dit à mon épouse que je souhaitais que nous arrêtions cette vie de couple. Je me sentais seul, inconsidéré, insuffisamment nourri. J'avais terriblement peur de la décision que je m’apprêtais à prendre, la séparation. Pourtant, en un dernier sursaut d’espoir nous nous sommes donnés une dernière chance, et nous avons essayé douze mois durant. Nous sommes sortis en haute mer et par tempête, sans faux semblant, sans cacher, nous tenant la main comme nous le pouvions, non pas avec l'énergie du désespoir mais avec espoir. Douze mois parfois terriblement durs, usants. J’ai donné, j’ai soutenu, je ne me suis pas renié. Tu as avancé.


Hier, nous avons décidé ensemble de mettre un point final à nos vingt-cinq années de vie commune. Si mon chemin a été long, si les changements en moi ont été fertiles, bons et profonds depuis ces treize années ponctuées par le chemin, je suis fier en ces douze derniers mois du chemin intérieur qu’elle a parcouru. Elle a ouvert les brèches enfin, déterrant les vieux secrets, mettant fin à trop de non dits, affrontant ses traumatismes avec courage, là où elle avait toujours fui et reculé, elle a su faire le premier pas, le plus dur, celui par delà le vide. Son chemin vers la femme qu’elle veut être a débuté durant ces douze mois. Il y a quelques jours, j’avais encore espoir d’être à ses côtés pour la voir fleurir et s’épanouir, pour lui tenir la main en cas de besoin. Mais ce n’est pas son chemin, ce n'était pas le bon chemin, ni pour elle, ni pour moi. Aujourd'hui, il n’y a pour moi plus de peur dans l'idée de la séparation.


Vingt cinq années de vie commune, treize années avec le chemin, douze mois pour une dernière chance main dans la main. Il y a un an, je rentrais en me demandant si lorsque j’arpenterai à nouveau le chemin cette année, nous serions toujours ensemble. Je connais la réponse pour cette année, comme pour les années suivantes. Aujourd'hui s'ouvre un nouveau jour, il débute avec les enfants et un nouveau cadre à construire ensemble et séparément. Rien ne sera facile. Mais c'est justement parce que rien n’est facile que nous apprécions le chemin parcouru et le temps nous restant pour l’arpenter sans relâche. L'année prochaine, je finirai peut-être le chemin de St Jacques. Puisque l’objectif a toujours été d'aller plus loin que Santiago, l'année prochaine je serai au bout d’un monde, j'aurais déjà avancé de quelques pieds dans ma terra incognita.

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