Accéder au contenu principal

Celle que je suis devenue 3 : Refus

Sur le coup, j’ai le souvenir d’être restée absolument sans voix, d’abord interrogative, puis franchement colérique, ma petite mine a du lui sembler bien sombre subitement. Les premières secondes je me suis dit que je devais mal comprendre ce qu’il me proposait, mais devant son visage plus que sérieux et impérieux, l’idée proposée m’a alors semblé limpide ! Il me demandait tout simplement de devenir sa chienne, au mieux son objet !!! Croyez moi, je n’ai pas mis longtemps à lui cracher mon venin, comment osait il penser que j’allais m’abaisser à ce genre de pratiques typiquement phallocrates. Certes, pour dire les choses comme elles étaient, il m’avait baisée et bien baisée, certes pour une fois je m’étais laissée consciemment conduire, certes je ne pouvais nier que je trouvais à cet homme un certain magnétisme… Mais croyait il qu’il lui suffisait de quelques heures d’une soumission triviale pour faire de moi celle qu’il voulait que je sois !

Non, vraiment, je n’ai pas pu résister à le giffler froidement. Lui est resté digne, il ne baissait pas le regard, ne répliquait pas à mes insultes. Il n’avait même pas daigné éviter le contact cuisant de ma main droite. Même si son visage restait impassible, je devinais un certain amusement au fond de ces yeux, et cet amusement non dissimulé me rendait plus que tout folle de rage. J’aurais du lui dire que non, qu’il se méprisait sur celle que j’étais, que cela n’avait été qu’un jeu pour moi, que je n’étais pas de celles qui se laissent manipuler, que sa proposition était déplacée, que ce n’était pas parce que je m’étais laissée faire cette fois-ci que cela supposait que j’étais l’une de ses femmes instable et faible qu’il suffit de siffler pour qu’elle devienne instantanément un joli petit animal de compagnie… seulement voilà j’étais tellement choquée, tellement hors de moi que je ne pouvais argumenter quoi que ce soit de cohérent. Je ne pouvais faire qu’une chose sortir de cette pièce, sortir de sa vie, retrouver la mienne et poursuivre mon chemin.

Je me suis dirigée vers le salon, plus décidée que jamais, pour reprendre mes vêtements, intérieurement chancelante. Lui continuait à me suivre du regard comme s’il n’y avait eu aucune issue. Il m’a laissé partir sans me retenir. A cet instant je ne pouvais pas rester une minute de plus à proximité de cet homme, pour des raisons que je ne comprenais pas, il me fallait partir très rapidement. C’était comme une sorte d’instinct de survie, partir, courir, fuir loin d’ici. J’ai donc enfilé mon manteau sans revêtir d’autres vêtements, tout était sous mon bras. J’ai fuit, révulsée par ce qu’il m’avait fait, honteuse d’avoir pu être à ses yeux une possible chienne à dresser, souillée d’avoir été à ses yeux moins qu’une femme.

Ce jour là, il était clair pour moi que je ne remettrai jamais les pieds dans sa maison. Ce fut je crois le Noël le plus douloureux qu’il m’ait été donné de vivre. J’arrivais chez moi avant minuit, me glissait hâtivement sous la douche et la faisait couler à grand flot pour me laver de son regard, de ses mots, de son odeur, de l’odeur de mon sexe, je frottais toujours plus fort, je crois que si j’avais eu à portée de main une pierre ponce j’aurais frotté jusqu’à trouver mes os, écorchée vive, à fleur de peau. Il me dégoûtait, je me dégoûtais. Je n’avais qu’un souhait oublier au plus vite et reprendre le cours de ma vie. Me retrouver moi, c’était les seuls mots qui raisonnaient dans mon esprit aussi régulièrement que le rythme de l’eau s’écoulant sur ma peau.

Je n’ai pas eu trop de mal à retrouver mon petit cercle parfait, boulot, boulot, boulot. Mes journées étaient longues comme d’habitude, je rentrais tardivement, m’investissait avec encore plus de passion dans ma vie professionnelle si naturellement que je ne me rendais pas compte qu’en réalité j’évitais soigneusement de me retrouver seule face à moi même. Evidemment personne ne s’est rendu compte de rien, en bonne introvertie ambitieuse, mes collaborateurs n’ont vu que celle qu’il voyait au quotidien, patronne intransigeante et exigeante tant en vers elle-même qu’à leur intention. Ma meilleure amie n’y a pas vu grand-chose non plus. Il faut dire que nous ne nous voyons en général qu’épisodiquement durant des pauses déjeuner abrégées plus propices aux discussions légères qu’aux confidences dérangeantes. J’ai donc gardé cela pour moi. Le week-end je prenais mes dossiers sous le bras, envisageait de nouveaux business plan pour des activités prometteuses, de temps en temps je chaussais les baskets pour une bonne heure de jogging intensif, écouteurs rivés aux oreilles, histoire justement de ne pas penser.

la Part DieuIl s’est bien passé un peu plus d’un mois après ce réveillon pour que je n’envisage de m’accorder une petite coquinerie. L’idée est venue sans que je ne m’y attende vraiment, ce jour là je devais me rendre à Paris pour déjeuner avec un client important afin de consolider nos relations commerciales et envisager de nouveaux marchés potentiels. La journée n’avait pas très bien commencée, pressée par le temps et l’horaire imposé du TGV Lyon-Paris j’avais oublié de prendre mon PC que j’avais pourtant bien mis en évidence la veille. Je n’avais donc aucune possibilité de travail durant l’heure et demie qui me séparait de la capitale. Je n’avais d’ailleurs pas eu le temps de m’arrêter au point presse de la Part Dieu. Le taxi qui me conduisait n’ayant pas réussi à éviter les bouchons à l’approche du boulevard Vivier-Merle, je m’étais donc engouffrée, le souffle court, dans la voiture qui était la mienne, j’ai eu à peine le temps de m’installer que le contrôleur annonçait la fermeture des portes. Je dois avouer que je n’ai pas l’habitude de ne rien faire, ce trajet s’annonçait donc ennuyeux à souhait. Faute d’activité planifiée, mon regard s’est mis à déambuler passant d’un visage à un autre, scrutant de temps à autres le paysage qui défilait, jusqu’à ce que j’accroche innocemment le regard de ce jeune homme. J’ai l’habitude d’être détaillée par les hommes de tout âge, cela ne me pose pas de problème, au contraire j’y trouve une certaine assurance, l’assurance de plaire et de pouvoir être désirée, quelque part la certitude de pouvoir séduire tout homme sensible aux charmes de la gente féminine. Cependant, lorsque je ferre leurs regards, la grande majorité des hommes détournent leur champ de vision en direction d’un point plus neutre, comme s’ils avaient peur de lire dans mes yeux une quelconque réprobation, à moins que ce ne soit la crainte d’être dévoré par mes soins telle une mante religieuse méticuleuse. Cette fois la situation était tout à fait différente, ce jeune homme ne devait pas avoir plus de vingt cinq ans à tout casser, et pourtant il soutenait mon regard sans sourciller.
Son regard exprimait une espièglerie toute enfantine, pour autant c’était bien le regard d’un homme et non celui d’un petit enfant qui s’était accroché au mien. Il ne semblait pas prêt à céder le moindre petit pouce de terrain. J’ai donc relevé le défi, il voulait jouer, très bien alors, jouons, et voyons jusqu’où cet homme en devenir pourra t il me suivre. De sourires mutins en œillades provocantes, je lui sortais le grand jeu. Désormais le contact était établi, il ne perdait pas une miette de ce que je lui offrais. Son regard n’était plus tout à fait le même, je n’y décelais plus aucune trace d’espièglerie, pour lui ce n’était plus un jeu, je devenais possible, accessible, réelle. Au bout de quelques minutes de ce jeu innocent, son téléphone se mit à sonner provoquant en lui une gêne qu’il n’arrivait pas à dissimuler. Ses parents avaient du lui inculquer les bonnes manières car plutôt que de répondre au téléphone sans bouger de son siège, il se leva et se dirigea vers le couloir, épargnant ainsi aux passagers présents une conversation qui ne les concernaient nullement. En passant devant moi, il m’a semblé distinguer une proéminence toute masculine sous son jean. Ah décidément, ces hommes ne pensent qu’à ça, et sont au garde à vous à la moindre alerte ! La chaire est faible ! Il était subitement tellement gêné qu’à mon approche il n’a pas osé m’adresser un regard. Sa démarche était hésitante et son parfum plutôt boisé. J’aime ce genre de parfum, ils me rappellent les saisons d’automne, les fins de journée, les couleurs chatoyantes, les journées douces qui laissent la place aux nuits froides, quelque part l’envie de se lover dans un fauteuil avec un bon chocolat chaud.

C’est peut être son parfum, ou plus simplement l’envie de me jouer un peu de lui, mais c’est peu après son passage devant moi, que je me suis levée sans trop réfléchir et l’ai suivi. Une fois arrivés entre les deux wagons, le jeune homme n’avait toujours pas remarqué ma présence. Visiblement il parlait à sa petite amie, les mots qu’il prononçait étaient mignons, très calins, presque innocents, enfin bref, du pur sucre. Je me suis placé face à lui, cette fois il ne pouvait plus m’ignorait, ses mots sont devenus alors subitement hésitants, presque bégayants. Malgré cela, sa copine n’avait pas l’air de s’en apercevoir à l’autre bout du fil. J’étais habillée ce jour là d’un tailleur plutôt sexy, j’avais sciemment mis en valeur mon décolleté, sans exubérance toutefois, afin de mettre toute mes chances de mon côté concernant la négociation que je devais mener avec mon client. J’ai donc profité des avantages que m’offrait ma tenue vestimentaire pour me faire encore plus aguicheuse. Le pauvre garçon ! Il devenait écarlate, sa copine devait être bavarde car la conversation s’éternisait alors que lui ne répondait plus que pas des « oui », « non » ou ultime variante « hmmm hmmm ».

A cet instant, il n’y avait que nous dans cette zone mixte, je devais donc faire vite pour ne pas qu’un inconnu mette un terme regrettable au petit jeu auquel je jouait avec plaisir. Mon corps me disait que j’avais envie d’une queue, il me fallait donc cette queue, c’était aussi simple que cela. Je le savais complètement conquis, sous mon emprise. J’ai placé mon index sur mes lèvres et lui ai fait signe de ne rien dire, de ne rien faire, de ne pas bouger. Il posait sur moi un regard halluciné, vaguement terrorisé par ce qui allait se passer. Je l’ai contourné, le mobile toujours fixé à son oreille, il n’a pas bougé d’un pouce. Je me suis rapproché aussi sûrement qu’un félin prêt à donner le coup de grâce. Mes seins touchaient son dos. Je le sentais tendu, ma main s’est posée sur son épaule gauche puis est descendue doucement le long de son bras, nos mains se sont touchées, elle était chaude, tiède, invitante. Une autre partie de son corps m’invitait aux présentations. J’ai posé ma main sur la braguette de son jean, tendue à l’extrême, je lui ai chuchoté à l’oreille « viens, Madame va te baiser ».

Comme par magie, il a mis fin dans l’instant à la conversation (le réseau est si fluctuant sur ces lignes TGV). Je me suis détaché de lui, j’ai ouvert la porte de la cabine des toilettes, il s’y est engouffré avec moi, je dirai même avec empressement. Je le savais bouillir intérieurement. Qui peut résister à une femme qui sait ce qu’elle veut ? Moi je maîtrisais, certaine de prendre mon plaisir et de le conduire exactement où je le souhaitais.
1541422495_f57214f506

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La Malemort

Dans la clarté de la nuit des songes en nuées là la Malemort où je ne sais quoi sort s'étire et s'enchâsse s'enlace jusque sous ta gorge griffant mordant soufflant le chaud et le froid sur la peau fine écarlate prête à geindre en mille éclats de lunes en ta face putasse ta queue branlée tes bourses lourdes mises à mal pour le long voyage la malle poste et ta tête branlante riposte étouffe entre les cuisses la douceur de la peau le tendre abrasé par ta barbe impropre parsemée de l'odeur forte de son con tant de fois baisé sous le lit des pinèdes qui là te font suffoquer ahaner en grande goulée giboulée et bâillon de bave embrassées nage nage petit poisson poisseux visqueuse bite guerre de tranchée perdue avant que la messe ne soit dite car l'avant fut fessé pris engouffré pénétré fouetté mâle mené foutraqué fourré comme jamais quatorze queues putargues avalées pour te voir plus tard t'affaler offert lustré ta sueur suie blanche crasseuse épaisseur criante et ton

Un répit

 L'un contre l'autre, assis dans le salon. Lumières éteintes. Quelque chose comme trois heures passées minuit. Les lueurs de la vie. Les solitudes choisies, subies. Tes mains qui me massent, nous apaisent. Le dos se dénoue. La colonne s'abandonne. Je sens ton envie. La mienne naît ainsi de la tienne. Je ne dis rien. Je ne suis pas même certain de le vouloir. Pourtant je le veux. Mais je crains l'après. Est ce que cela effacera l'avant ? Est ce que cela effacera le dernier mois ? Ce serait plus simple, mais je ne veux pas que cela efface. L'amnésie et l'oubli pour ceux qui craignent. Je suis capable de cela. Mais je ne veux pas. Alors tu demandes. Je dis oui, j'ai envie. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, je ne sais pas si cela compliquera plus encore. Je dis cela, et je dis j'ai envie. Et tes mains continuent à glisser sur ma peau. Et tes seins, et ton ventre, et ton bassin, collés contre mon dos. Je bande. Depuis longtemps déjà. Depuis que

La chambre des rêves (communion d'un Ange ou d'un Fou)

  Bande son : Handel - Giulio Cesare in Egitto, HWV 17, Act II, scène XIII : Aria-largo "si pieta di me". Interprète : Sandrine Piau https://www.deezer.com/track/92369954 —-----------   Bilbao. Au coeur del Cerco Viejo, tout proche de la Plaza Nueva, non loin del Nervion, il y a une petite rue, des odeurs légères et trainantes de tortillas, de chipirones frios, des éclats de voix, ceux des enfants qui jouent, ceux des adultes qui s'apostrophent dans le brouhaha tout proche, des bruits de vaisselles, celles que les serveurs lavent à la va vite avant de les remplir de pintxos gourmands et généreux. Franchir le passage, c'est se noyer dans le coeur battant de la ville, dans la foule et la vie sociale, l'alcool et les rires, le plaisir de l'instant et les amitiés braillardes. Restons en bordure. Au numéro uno de cette petite kalea servant de desserte à la dizaine de bar à pintxos de la Plaza, avant le chao des hommes, il y a une porte dont seul les rêveurs ont l&#