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Théorême

Les données sont si simples. Nos mondes sont parallèles et nos chemins ne se croiseront peut être qu’en de si rares occasions. Pourtant les liens sont évidents. Nos géométries se construisent en des cercles concentriques appelés à se chevaucher.

Un théorème secret que nous sommes les seuls à avoir découvert. Une révolution qui n’appartient qu’à nous. De multiples centres, et pourtant toujours un mot, un seul, jouissance. Nous seuls, découvreurs de ce nombre d’or qui nous est cher. Tu es a moi, je suis pour toi. Ce pourrait être la synthèse de notre équation. Une équation ô combien complexe. Tu me résistes, je cède. Je définis l’ordonnée, tu traces les points qui la rendront réelle. Deux réalités qui se croisent en une seule et même dérivée, fonction autonome de nos mondes enfouis.

Je détaille chacune de tes courbes, je devine les lignes que je ne connais pas, je les prolonge à l’infini jusqu’à ce qu’elles devienne ma réalité. Je les plie à ma guise, les dessine selon ma volonté, aplanissant tes réticences, dépassant mes attentes, tu t’inclines à la contrainte. Une réalité qui prend corps dans mes propres dimensions. Elle m’apaise, s’installe, et reste. Le dessin est harmonieux, exigeant, une figure géométrique ou s’entremêle des lignes fermes, équilibres précaires, toutes emplies de voluptueuses circonvolutions.

Ton prolongement est fait de courbes qui me tourmentent. Tes yeux noisettes jouent à brouiller mes pistes. Je suis le maître des règles, je définis la mesure, courte, distante, rapprochée, et toi tu t’appliques à suivre les traces que je te donne. Et pourtant ta géométrie devient ma géographie. Je te prolonge jusqu’à ce que ta réalité prenne corps. Un corps à corps avec mes pensées, des désirs accordés sur des ondes identiques mais parallèles.

Une courbe, douce, progressive, suggérant un visage délicat et joyeux. Je poursuis la pente, deux ascendances, délicieuses abondances. Extatique je joue, je dresse, je réhausse, je tire vers le haut, j’incline vers le bas. Un souffle, un râle, une envolée, douleur précieuse. Les pointes s’étirent, larges, en des angles suggestifs.

Vient la dépression, la face cachée, la chute des reins, immédiatement courbe, affolante, diaboliquement arrondie, une envie, la briser, l’affronter, laisser les vagues affluer, s’échouer, violemment, paroxysme d’une chaleur enivrante, ondes de choc se propageant à ton centre. Un pic, une arrête, un gouffre, projection de vertigineux abysses, dangereusement hypnotiques. Source de toute chose, unicité du lieu, pluralité des possibles. Alchimie complexe, pierre philosophale, douleur lancinante, plaisir décuplé.

Je n’ai qu’une issue, la tangente. Droite, fière, elle s’érige. Elle se dresse, une évidence, une incontestable évidence. Tes lignes la nourrissent. Elle grandit, progresse, atteint son optimum gage d’une prochaine délivrance. Des points entêtants, fixes, répétitifs, rythmés par des formes lascives, tes formes. Je l’enserre, la protège, la réchauffe. La sensation est douce. La base s’en contente.

Un acier, alliage improbable de chaleur et de douceur. Concentration des sensations, un point, épicentre, ni passé, ni avenir, un présent. Une constante l’accaparer, la posséder, jouir d’elle, pleinement, elle est là, réelle, absolument concrète. Présente, ici, en ce point, nul autre lieu, nulle autre réalité. Je tiens la ligne, elle se tend à l’infini, s’amenuise, se prolonge, et enfin… cède.
Je remonte, serre, dépasse, emprunte le chemin inverse. Plusieurs fois. Nos univers se joignent. Nos inconnues se réduisent en une somme si évidente à résoudre. Un seul but, un objectif, accélérer, ralentir, accélérer, rendre la caresse légère, douce, chaude, insistante, patienter sur le sommet, serrer, redescendre, glisser. Suivre la pente. L’axe est ferme, étonnant, viril et pourtant doux.
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