Accéder au contenu principal

L'inconnu, la trahison et l'espérance

Il y a devant moi un cable tendu à l'extrême, une tension qui ne me laisse de répit qu'entre 23h00 et 2h00. Trois heures de sommeil pour ne pas dormir. Je regarde les traits de mon visage dans la glace à la lumière artificielle, je vois des cernes profondes et une lassitude qui n'en finit plus, un visage sans expression et un regard qui trahit l'angoisse de faire le mauvais choix, un regard qui me fuit lorsque j'essaye de le prendre en chasse.

Je compile les mots. Kérouac me dit que l'amour est un duel, je me demande s'il y a des gagnants ou des perdants. Dean est fou et Sal se nourrit de cette folie non feinte, ils recherchent le "it" celui dont le jazz man parvient dans un sublime hasard à se saisir jusqu'à extinction de la nuit noire. C'est ce "it" qui me manque. Tout est là mais il manque l'essentiel. L'essentiel est indéfinissable et c'est sans doute là le drame humain. J'ai perdu l'essentiel depuis longtemps en fait, c'est une vérité que j'ai préféré longtemps enfouir et oublier. Je ne la regardais que par intermittence cette vérité en me disant alors que ce n'était rien, que ce n'était qu'une fausse impression, autosuggestion, mon bonheur était dans la continuité de ce qui avait été construit un peu par hasard et pourtant approuvé, donc décidé, c'était peut être pas assez, mais c'était déjà bien. C'est une contre vérité qui m'explose aujourd'hui à la face.

La contre vérité ne tient plus ces derniers temps. Une toute autre vérité que j'aimerais éphémère est désormais constamment tapie sous mes yeux. Je préfèrerais la faire taire encore une fois et pour longtemps mais depuis quelques semaines elle a pris racine et ne se laisse pas arracher comme de la petite herbe. Les racines sont profondes et ceux qui paieront les pots cassés n'y sont malheureusement pour rien. Je ne vis pas mal, j'ai du bonheur, des instants heureux mais il me manque quelque chose. Miossec chanterait "mais qu'est ce qui nous manque ? Qu'est ce qui nous manque, dis-le moi ?" 

Voilà la corde raide qui revient en image. Hier, j'ai préféré fuir, je me suis échappé à plusieurs reprises, elle était contre moi et j'étais mal à l'aise. Notre quotidien me met désormais mal à l'aise. Je trahis cette fois pour de bon, j'ai perdu la sincérité de ce qui nous liait. J'ai été soulagé lorsque la lumière s'est éteinte. J'ai été soulagé ce matin de partir avant qu'elle ne se réveille. Le pire c'est peut être qu'il n'y a pas de crise. Je fuis depuis quelques jours. J'ai peur de dire ce que je crois être tellement je ne suis pas certain que ce soit ce qui est. Je me mens. Je fais semblant de m'accrocher mais je me laisse chuter. Je lui donne des baisers auxquels je n'arrive plus à croire. Je perpétue le quotidien, mais ça saute aux yeux, je n'y suis plus du tout pour la première fois. Ce soir je vais faire un pas, non pas un faux pas, juste un pas dans le vide. Je ne sais pas de quel côté ma chute m'entraînera. Rien ne se répare mais tout recommence. Quand les coeurs sont en faïence, c'est foutu, c'est trop tard. Je ne suis pas certain d'aller mieux après. Je voudrais ne pas penser à ma fille, c'est évidemment impossible. L'inconnu me fait peur et me fait espérer.


Posts les plus consultés de ce blog

La Malemort

Dans la clarté de la nuit des songes en nuées là la Malemort où je ne sais quoi sort s'étire et s'enchâsse s'enlace jusque sous ta gorge griffant mordant soufflant le chaud et le froid sur la peau fine écarlate prête à geindre en mille éclats de lunes en ta face putasse ta queue branlée tes bourses lourdes mises à mal pour le long voyage la malle poste et ta tête branlante riposte étouffe entre les cuisses la douceur de la peau le tendre abrasé par ta barbe impropre parsemée de l'odeur forte de son con tant de fois baisé sous le lit des pinèdes qui là te font suffoquer ahaner en grande goulée giboulée et bâillon de bave embrassées nage nage petit poisson poisseux visqueuse bite guerre de tranchée perdue avant que la messe ne soit dite car l'avant fut fessé pris engouffré pénétré fouetté mâle mené foutraqué fourré comme jamais quatorze queues putargues avalées pour te voir plus tard t'affaler offert lustré ta sueur suie blanche crasseuse épaisseur criante et ton

Un répit

 L'un contre l'autre, assis dans le salon. Lumières éteintes. Quelque chose comme trois heures passées minuit. Les lueurs de la vie. Les solitudes choisies, subies. Tes mains qui me massent, nous apaisent. Le dos se dénoue. La colonne s'abandonne. Je sens ton envie. La mienne naît ainsi de la tienne. Je ne dis rien. Je ne suis pas même certain de le vouloir. Pourtant je le veux. Mais je crains l'après. Est ce que cela effacera l'avant ? Est ce que cela effacera le dernier mois ? Ce serait plus simple, mais je ne veux pas que cela efface. L'amnésie et l'oubli pour ceux qui craignent. Je suis capable de cela. Mais je ne veux pas. Alors tu demandes. Je dis oui, j'ai envie. Je ne sais pas si c'est une bonne idée, je ne sais pas si cela compliquera plus encore. Je dis cela, et je dis j'ai envie. Et tes mains continuent à glisser sur ma peau. Et tes seins, et ton ventre, et ton bassin, collés contre mon dos. Je bande. Depuis longtemps déjà. Depuis que

La chambre des rêves (communion d'un Ange ou d'un Fou)

  Bande son : Handel - Giulio Cesare in Egitto, HWV 17, Act II, scène XIII : Aria-largo "si pieta di me". Interprète : Sandrine Piau https://www.deezer.com/track/92369954 —-----------   Bilbao. Au coeur del Cerco Viejo, tout proche de la Plaza Nueva, non loin del Nervion, il y a une petite rue, des odeurs légères et trainantes de tortillas, de chipirones frios, des éclats de voix, ceux des enfants qui jouent, ceux des adultes qui s'apostrophent dans le brouhaha tout proche, des bruits de vaisselles, celles que les serveurs lavent à la va vite avant de les remplir de pintxos gourmands et généreux. Franchir le passage, c'est se noyer dans le coeur battant de la ville, dans la foule et la vie sociale, l'alcool et les rires, le plaisir de l'instant et les amitiés braillardes. Restons en bordure. Au numéro uno de cette petite kalea servant de desserte à la dizaine de bar à pintxos de la Plaza, avant le chao des hommes, il y a une porte dont seul les rêveurs ont l&#