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Le chemin sous l'humus

 A la lumière naissante de l'aurore au bout du bout de la nuit je me suis dévêtu pour arpenter enfin nu l'asphalte de la rue et franchir la grille de fer forgée qui sépare le monde d'avant et celui de ce jour au delà du petit ru tu étais là allongée dans la rosée des herbes drues encore noire toute d'humidité vêtue je n'ai pas su dire qui de l'homme ou de la femme étais tu encore à cette heure mais j'ai su que de mon ventre nu je devais me donner sans cri sans hâte et sans bruit alors dans un même geste crue je suis devenu vague caressante ondoyant de mon flux ta terre lisse sous ma mue j'ai frémi le long de mon sexe et j'ai su la jeune pousse sous le fruit mur coulant de murmures en murmures tu t'es gorgée à ton tour d'eau et de sucre à l'envie fourmillant en ton sein trouvant mon chemin sous l'humus tu avais deux sexes celui de l'homme et celui de la femme et ma bouche mandibule retenait en un dernier souffle la lumière de la lune sous ton croissant nacre suçant ta hampe tendue et léchant ta fente nue. 

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 Texte écrit pour le thème du mois de juillet 2024 "Pornographie" du groupe fetlife "Passion Écrire" ---------------- # Porno \pɔʁ.no\ Adjectif. Relatif à, qui appartient à la pornographie ou à l'extrême violence. Caractère obscène d'une oeuvre d'art ou littéraire. Nom masculin. Film pornographique ou d'extrême violence. Représentation (sous forme d'écrits, de dessins, de peintures, de photos, de spectacles, etc.) de choses obscènes, sans préoccupation artistique et avec l'intention délibérée de provoquer l'excitation sexuelle du public auquel elles sont destinées Porno vice, porno star, sur le canapé les yeux ébahis. Je veux voir. Voir ce qui ne se voit pas. Toujours regarder, sans plus cesser. Des hommes, des femmes, des cris et des râles, simulés, amplifiés, réels, au-delà de l'écran, le néant, l'anéantissement de toute volonté. Le néant qui dévore sans fin, qui te mène en bordure de toi, qui t'empare et te désempare. Panti...

Un monde en soi

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Celui que j'ai chassé

 Photographe : Photaphil / Modèle et Graphisme : Narracoeur     Les heures tournent et je ne trouve plus le sommeil. Un gros papillon de nuit noir se heurte convulsivement à l’ampoule qui illumine faiblement la pièce d’une lumière fatiguée. J’entends les bruits de cette vieille demeure, comme on attend des fantômes dont on ne sait s’ils vous seront sympathiques ou inquiétants. Le journal de Clément est posé sur la table de chevet. Je n’ai pas osé l’ouvrir. Je crois que j’ai peur. J’ai l’impression que Clément veut me léguer un héritage que je ne suis pas prêt à accepter. J’ai eu beau tâcher d’orienter mes pensées vers d’autres sujets, il n’y a rien à faire, mon esprit revient toujours à son carnet. Je sens sa présence à côté de moi. La couverture est noire, d'un papier épais, à peine cartonné, râpant. Elle me transmet une sensation d'étrangeté.     Depuis combien de temps n'étais-je pas revenu à Saugues ? Il y a longtemps, j'ai fui ces maisons c...