Un soir d'août
L'écriture ne viendra pas ce soir. Pourtant écrire quelque chose de pas trop mal (si possible) m'aiderait sans doute à retourner au lit afin de chercher à retrouver le sommeil. Je constate que j'ai de plus en plus de difficultés à écrire des choses développées, à raconter des histoires. Ça vient parfois, mais pas si facilement que ça. Je crois que je m'enferme parfois dans un style d'écriture, ça dure un peu. Peut être jusqu'à une mue. Mais alors une mue dont je ne m'aperçois pas, ou pas tout de suite. Et ça m'embête un peu de m'enfermer dans un style d'écriture. Au début c'est bien, j'ai la sensation d'ouvrir des portes. Mais ensuite, j'ai l'impression que ce sont les mêmes motifs qui se réécrivent sans cesse sans que je ne parvienne à m'en échapper. Je force sans doute le trait. Aujourd'hui, il me faut du temps pour écrire des fictions imprégnées de vécu, encore plus pour des fictions pures. Il me faut trouver l'idée, le pas de côté qui va me laisser dire, voilà, cela vaut la peine. Et alors, ça en vaut la peine. Parfois une musique accompagne mon écriture, les mots prennent le pli des notes. Rageuses. Classiques. Respirantes. Sinon, j'écris sans but, et c'est souvent trop imprégné de réel. Cela me semble plat, sans intérêt. Alors j'efface. Une fois, une femme m'a fait le cadeau de mettre en musique l'un de mes textes sur lequel j'avais posé la voix. C'était frissonnant. Parfois je tombe sur une suite de mots qui forme une belle sonorité, alors je me mets à jouer, je profite de l'échappée. Je sais aussi que j'ai du mal à écrire une histoire qui me tient à coeur. Parce que je l'ai vécue, parce que cela me semblerait tellement pas à la hauteur du vécu une fois écrite que je renonce toujours à l'écrire. Je pose des mots, j'efface, ou je garde mais j'abandonne. On s'était dit elle et moi quand nous nous sommes quittés que chacun écrirait son histoire, que cela ferait un beau roman. On enchante souvent le réel dans ces légèretés là. C'est attendrissant. Certains croient qu'on est dupe. Mais non, on ne l'est pas, on sait que ce n'est pas un roman, c'était notre roman, on l'a écrit sans poser des mots, il est pour nous important et le romanesque que l'on y met n'est une tromperie que pour les autres. Ce soir j'aurais voulu écrire la bande son de cette histoire là, je n'aurais même pas eu besoin d'y mettre du romanesque, l'enchantement j'aurais voulu qu'il soit derrière tous ces mots et il l'aurait sans doute été là si cette histoire n'était pas si impossible à écrire, parce que peut être trop importante, mais ça n'est pas le bon mot. On y aurait trouvé pèle mêle :
https://youtu.be/DDVh8lDB_xU
La Mano Negra - Le bruit du frigo, la première écoute de sa voix à elle, le retour à nos adolescence et pas loin Puta's fever
https://youtu.be/k_N_FQuSeuo
Lhasa - de cara a la pared, pour dire ce qui était possible entre nous et pas apprécié dans nos vies de couple
Une berceuse fredonnée sur le banc d'une église de montagne, avec les odeurs du sol fait de pin
https://youtu.be/HrQ-gFcry_w
Arthur H et Nicolas Repas - Prendre corps, et les mots inventés sur sa peau rue de la Bidassoa
https://youtu.be/_iYLbGtPOto
Silvia Perez Cruz - Cucurrucucu Paloma, le temps d'une moitié de repas parsemé de rires
https://youtu.be/zriAamH8zmw
Ben Mazué et Pauline Croze - C'est léger, parce que ça l'était
https://youtu.be/KuqKrF5qQTs
Ryan Gosling et Emma Stone - City of stars, pour le flottement doux des chemins qui se croisent, se décroisent, se retrouvent
https://youtu.be/-P3TPHJTEas
Deluxe - Baby that's you, pour un bout de nuit improvisé à trois perdu dans les heures impossibles
https://youtu.be/nVnqwLbltfo
Luz Casal - Piensa en mi, pour dire en une larme, au soleil de juillet dans son jardin à elle, ce qui va manquer avant une vie qui s'ouvre face aux tropiques
https://youtu.be/B5yQI3e8Ui8
Ben Mazué - La liesse est lovée, pour ponctuer la fin de notre histoire en beauté et en joie
https://youtu.be/lr2ZT4HoXi0
Silvia Perez Cruz - the sound of silence, parce qu'il y en a eu beaucoup et que c'est elle qui m'a fait découvrir Silvia la lumineuse
https://youtu.be/EWtsIIoVG0Q
La tribu de Pierre Perret - au café du canal, parce qu'en pointillé de ces silences, il y a toujours une pensée, une présence, et que mon théâtre de verdure c'est ce café du canal qui toujours me ramène à toi
[https://youtu.be/eSQkvhGwUac][Jeanne Added - Before the Sun], et l'histoire d'un bout de deux vies racontées aurait fini par se clôturer sur cette dernière musique, tandis que je marcherais seul à l'approche d'un nouveau jour.
Ça aurait fait une belle histoire. Une histoire vraie.
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