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Articles

Affichage des articles du septembre, 2024

Se nouer le ventre

 L’attention à son comble, je ne pouvais te toucher, je n'osais te toucher, je ne dormirai pas, je ne te toucherai pas. Si ce n’est du regard, de l’écoute, de la plongée quelque part dans un monde. Dans l’ombre douce de la chambre tiède, au bruit de baise des voisins qui auraient pu aussi être ici avec nous, je t’écouterai respirer. Plus loin que les chants des oiseaux maritimes, j’écouterai ton souffle, je me délecterai des nids que tu crées, chatte cherchant à faire couche de la couette, rêveuse à ton confort. De ton visage et de ta peau je verrai peu de choses, trop d’ombres, trop sombre, ainsi va la nuit. Pourtant, je me fendrai les yeux à t’épier, fermant les miens par instants pour trouver un peu de repos et me nicher entre la brise de tes lèvres. Tantôt allongé sur le dos, à l'affût de tes bruits, je rêverai d’un cauchemar pour avoir le prétexte de poser ma main rassurante sur ton bras. Parfois, je me rapprocherai de la frontière de nos lits, des falaises pour un saut qu

Graine pour la canopée de tes cris étouffés

 Texte écrit pour la contrainte des [https://fetlife.com/groups/71593/posts/27046321][23 mots] (ici en gras) du mois d'avril 2024, pour le groupe Passion Écrire  ------------- **Souvenir** de la nuit de demain émotions qui prennent **gorge** regorgent virevoltent **arrivées** sur le fil le saut vers la **gorge** escarpée les crocs acérés sur la corde en amas d’étourneaux qui prennent vol sans détours en nuages en torrents noircis d’eaux fortes sombres lourdes grondant lourds encore sans un tour pas même vers la **lumière** las comme cela allongée sur le banc pieds mollets cuisses jambes écartées étrange **désinvolture** offerte au voisinage du moment de l’instant de l’homme qui confie le sexe dans la main aux confins entre les doigts le poids qui glisse sans méprise l’emprise qui coupe la **morsure** sur le muscle l’intérieur de la cuisse le bleu fin arrondi presque tendre entre le pouce et l'index peau parsemée de **points** de croix de fils badines cousus plusieurs fois répét

Un soir après 25 années de vie commune

 L'épouse : Je ne suis pas belle. Le mari : Tu es belle. Elle : Non, je ne suis pas belle. Lui : TU ES BELLE. Elle : Je ne suis pas belle. Lui : Pourquoi dis-tu cela ? Elle : Parce qu'à bientôt 48 ans personne ne m'a jamais draguée. Lui : Aurais-tu oublié ton amant éphémère ? Le client d'il y a quelques mois ? Cet autre jeune-homme, il y a quelques années. Elle : Je ne suis pas belle Lui : Pourquoi tu n'es pas belle ? Elle : Parce que personne ne me drague. Lui : Pourquoi personne ne te drague ? Elle : Parce que je ne suis pas belle. Lui : Ok, admettons que ce soit une hypothèse pour une partie des gens. Mais,.pour l'autre partie des gens qui te trouvent belle, pourquoi, comme tu sembles le penser, est-ce qu'il ne cherchent pas à te séduire ? Elle : Parce que je ne suis pas belle. Lui : Fais un effort. Elle : Je ne vois pas Lui : Est-ce qu'une hypothèse pourrait être liée au fait que tu ne les vois pas ces gens ? Que tu leur semble inaccessible ? Et que

Maximes

 Tout vient à point à qui sait le tendre Du passé faire table basse Loin du beurre loin des meuh L'amour et ta gueule ! Deux mains et un autre lourd Bien mâle assis ne profite jamais Reculer pour mieux saucer Se laver du pied moche  Prendre son lent Souffler l’air sous le pied Être haut comme trois tomes Avoir quelque chose sur le bout de la hanche Fallait pas le fendre pour un tronc Prendre des vessies pour des panthères  Être pris en flagrant délice  Se faire des feux au cerveau Ils ont égarés la hache de terre Faire l'amour comme un lieu Muet comme une harpe Un rien vaut mieux que deux tuent le rat  A l'impossible nul n'est venu Baiser comme un câlin Embrase-moi idiot

Satyagraha

 Votre souffle vos abandons je vois la chaleur lapée de la peau la fente mouillée humide pleine gonflée en bordures je ressens la tension l'abandon l'attention au coeur battre les lèvres j'ouvre les mots caresses les images venir en désordre je projette le cinéma du désir déchirer les pantomines défricher les ombres les poupées déshabillées je me dresse en chien siffle et ramène les grands les gros leurs sexes je presse les glands rouges carmins carnassiers et grenats leurs langues pendantes lapent lèchent bouffent dévorent les monstres fendent l'âme j'écoule le sang dans le noir et les recoins envahis le corps la dorure à l'ombre parer porter enlever le soulèvement jusqu'aux cris haut par delà les pics dans les profondeurs aux abysses je cède.

Jour de pluie

 Jour de pluie. Dehors il n'y a même pas de vent. Il pleut. Pluie tropicale qui tombe raide. Il pleut. Je travaille dans le salon. De toute façon, il n'y a rien d'autre à faire. Dimanche pluvieux. Triste. Il y a comme de la tension dans l'air. C'est qu'il fait lourd aussi. Et la pluie n'étanche rien. Pas même la soif. Pas même l'ennui. Je suis concentré sur mon écran. Rien de trop compliqué à faire. Sur la table basse devant moi, il y a deux bouteilles. L'une est vide, l'autre à moitié pleine. Toi tu es debout et tu danses d'un pied sur l'autre. J'essaye de rester concentré. Tu restes debout. De l'autre côté de la table. Face à moi. Moi, je travaille. Et lorsque je travaille, je ne suis pas d'humeur à faire des détours. Je dis ce que je veux. Et tu fais ce que je veux. Ce matin, j'ai pris le temps de préparer le thé, le laisser infuser, fraîchir dans le réfrigérateur. Tu dormais encore. Je me suis levé avec le soleil. 4h d

Après la pluie

 Après la pluie La pluie de sable Traces de pas entre les bananiers rouges et les forêts de coco Parfums exhumés sur le chemin de la Reine Hortense, grenadier nain et niaouli Pas de transe des anciens récifs coralliens Système des racines entre leurs griffes S'abandonner aux frangipaniers sous le sable matelas propice Le rebond des pas, l’enfouissement de la peau, la fraîcheur du rivage Avant la roche noire et dure La pointe des pins colonnaires sous la brise À terre, leurs queues de rats, le fracas de la grande barrière Le silence à son comble  L’heure du premier jour Sous la lumière tendre Après la nuit  Dévorante 

L'inversion du monde

 Texte écrit dans le cadre de la contrainte d'écriture de février 2024 du groupe Passion écrire - [https://fetlife.com/groups/71593/posts/26300431][l'inversion des pôles] --------------------- Tu t’es endormi et je n’ose pas bouger. La fenêtre est ouverte. Elle donne sur les bois de fer. Ton corps est chaud. En comparaison, ma peau est fraîche. Elle est retombée de sa tension. Je laisse courir mes doigts sur ma hanche, à l’orée de mon pubis, à l’orée des poils de ta cuisse dont je me joue. C’est une caresse discrète. Elle me transporte. Elle me transporte au dehors. La petite brise d’été qui fait chanter les feuilles après le passage de l’ondée. Le chant des perruches de la Chaîne en cette fin de journée, tout à l’heure, laissera sa place aux grillons des temps anciens. Il y a longtemps que je n’ai pas vu de lucioles. Existent-elles encore les lucioles de mon enfance, celles qui illuminaient la nuit tandis que je marchais pieds nus devant la terrasse ? La maison qui, aujourd

Le glissement vers ma nuit

 Ma main posée sur mon ventre L'autre sur mon sexe La nuit venue sous vos mots Si vous étiez canine, sachez-le J'étais langue Langue léchant votre peau Lapant vos saveurs Langue cherchant la mémoire du goût Happant la substance de votre présence  Vous étiez canine J'étais canin, j'étais chien Je vous léchais en mots Mot qui nappaient mon esprit Drapant le glissement vers ma nuit

De nous triturés (déformé)

 Passé minuit les doigts Dans le marc de café Où ? Ce qu’il en reste Je ne sais rien Lire de l’avenir Et replonge en passé Trois doigts Du petit au plus grand Passés sur mes lèvres Ornés de lumières En reflets Gravé en tes sillons Un peu de l’eau Naissance à  ma bouche Epaisse, chaude, duveteuse Presque C'était après Plongée Langue entre mes dents Susurrant là des sésames Petites graines sachantes Déjà  Toute ouverte du dedans Grand clerc de lune Devins succombant À l'envie au toucher Peaux pyromanes Main dans ton ventre À la tienne aux entrailles Ma terre Encore  Doigts cajolant Fond de la tasse Époussetant rêveuse Quelques grains éparses Entre Faïence et pulpe Débordement des grandes eaux Traces de chair Abandonnées Comme des morceaux entiers De nous triturés .

De nous triturés

 Passé minuit les doigts dans le marc de café ou ce qu’il en reste, je ne sais rien lire de l’avenir mais je replonge dans le passé. Trois doigts, du petit au plus grand, passés sur mes lèvres, tous ornés de lumières en reflets. J’ai gravé en tes sillons un peu de l’eau que tu fais naître à ma bouche, épaisse et chaude, duveteuse presque. C'était après que tu eusses plongé ta langue entre mes dents, susurrant des sésames en petites graines sachant que tu voyais bien que, déjà, j'étais toute ouverte du dedans. Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que nous allions succomber à l'envie au toucher de nos peaux pyromanes à la main dans ton ventre à la tienne aux entrailles de ma terre. Ce n'était pas encore mes doigts cajolant le fond de la tasse, époussetant rêveuse quelques grains éparses entre faïence et pulpe, c’était pleinement le débordement des grandes eaux et les traces de chair toutes abandonnées comme des morceaux entiers de nous triturés.